WHAT'S WHISKY ?

SOMMAIRE 

1- UNE DÉFINITION ?

Le whisky , parfois orthographié "whiskey" dans certains pays comme l'Irlande et les États-Unis,  est une boisson alcoolisée obtenue par la distillation de céréales, maltées ou non, dont le distillat  a bénéficié d’une maturation en fûts de bois, généralement en chêne. La durée  minimale  de la maturation est définie par la législation du pays producteur (quand elle existe) . Les céréales utilisées peuvent varier (orge, maïs, seigle, avoine, blé…).

C'est donc un « alcool  fort », qui se caractérise par une grande diversité de saveurs et d'arômes, influencés par les céréales utilisées, le processus de distillation, le type de fût et la durée  de la maturation.

On pourrait rajouter  que dans la majorité des pays producteurs qui suivent les directives écossaises, qu’il faut  3 ingrédients  pour produire un whisky :  de l’eau ,  une ou des céréales et des  levures et rien d’autre !

Vous avez compris il n’y a pas de définition universelle de ce qu’est un whisky.

LES DICTIONNAIRES ?

  • Le Petit Larousse (vieille version de 1998) explique que « c’est une eau de vie de grain que l’on fabrique surtout en Ecosse et aux Etats-Unis ».
  • La version du Larousse en ligne dit que c’est une « Eau-de-vie originaire d'Écosse, provenant de la distillation de moûts préparés par saccharification des céréales au moyen de malt. »
  • « Le Robert  dico en ligne affirme que c’est une « Eau-de-vie de grain (seigle, orge, maïs) … »

LA REGLEMENTATION ?

Le texte réglementaire  devient  donc ce qui est la référence (quand elle existe) tant pour le producteur que pour le consommateur averti .   Il est de plus en plus rare de trouver des pays producteurs de whisky sans aucune réglementation. Mais, pour l’instant, on peut dire que le mouvement général se fait plutôt vers une harmonisation et une spécification des règles pour protéger le consommateur et la réputation des produits nationaux , mais ,… c’est loin d’être le cas sur le plan mondial ! Et bien évidemment si de nombreux pays  souverains adoptent les normes écossaises, d’autres tout autant souverains, font apparaître des différences.

Qu'est ce  que le " SCOTCH WHISKY " selon la réglementation écossaise ?

2- LES ÉTAPES CLÉS DE SA PRODUCTION 

La fabrication du whisky suit plusieurs étapes principales :

Les céréales (souvent l'orge) sont germées puis séchées. Ce processus active des enzymes qui transforment l'amidon en sucres fermentescibles. On obtient du malt. 

Le malt est moulu et mélangé à de l'eau chaude pour créer un moût sucré.

Des levures sont ajoutées au moût, qui transforment les sucres en alcool et en dioxyde de carbone, produisant un liquide appelé "wash" (similaire à une bière).

Le "wash" est chauffé dans des alambics pour séparer l'alcool de l'eau et des impuretés. Cette étape est généralement répétée deux ou trois fois.

L'alcool distillé (le new make) , clair et incolore à ce stade, est mis en fûts de bois pour une période minimale (souvent de 3 ans, mais pouvant aller jusqu'à plusieurs dizaines d'années). C'est durant cette étape cruciale que le whisky acquiert sa couleur, certains arômes et sa complexité. Les fûts peuvent avoir contenu d'autres alcools (comme le sherry, le bourbon ou le porto) ce qui influence également le profil aromatique final.

Pour les whiskys de type "blended" (mélangés), différents whiskys de diverses distilleries et de différents âges sont assemblés pour créer un profil de saveur constant. Pour les "single malts", il peut y avoir des assemblages de fûts ( sauf pour les single casks ) mais uniquement avec des news make  provenant  d'une seule et même distillerie.

Après la maturation  le whisky est  filtré , le whisky est mis en bouteille.

3- UNE DIVERSITÉ DE STYLES

Il existe une multitude de styles de whisky à travers le monde, chacun avec ses propres spécificités régionales et ses traditions. Nous verrons que le climat joue un  rôle majeur dans la maturation du whisky. Donnons quelques exemples :

Le plus connu, doublement distillé, vieilli en fûts de chêne. On distingue 5 catégories dont les "single malts"  , les "blended "…

Réputés pour leur triple distillation.

  • BOURBON WHISKEY (États-Unis) :

Fabriqué avec au moins 51% de maïs et vieilli dans des fûts de chêne neufs et carbonisés.

  • RYE WHISKEY (États-Unis/Canada) :

Composé d'au moins 51% de seigle, offrant un goût plus épicé.

Souvent un mélange de différents grains, plus léger et doux. 

Historiquement inspiré du Scotch, mais avec des innovations propres et une grande qualité reconnue.

  • AUTRES PAYS :

De nombreux autres pays produisent désormais du whisky, comme la FRANCE, la SUEDE, la FINLANDE , L’ISLANDE, l’ITALIE , l'INDE , TAÏWAN, ISRAËL , AUSTRALIE, et bien d’autres développant leurs propres styles et caractéristiques. On peut dire qu’à ce jour le phénomène est devenu mondial 

 

En somme, le whisky est bien plus qu'une simple boisson : c'est le fruit d'un savoir-faire ancestral, d'une alchimie entre céréales, eau, levures et bois, offrant une palette infinie de saveurs à découvrir dans tous les coins de la planète

4- DU MYSTÈRE DES ORIGINES À L'ÂGE D'OR : L'HISTOIRE DU WHISKY

L'histoire du whisky est une épopée fascinante, mêlant légendes, artisanat, révolutions et commerce. Son cheminement, de ses premières traces balbutiantes à son statut de spiritueux mondialement reconnu, est le reflet des sociétés qui l'ont vu naître et évoluer. Nous allons ici vous faire un bref résumé . D’autres éléments plus détaillés seront publiés ici .

  • NAISSANCE DE  « L' EAU DE VIE » (Moyen Âge)

L'art de la distillation, indispensable à la création du whisky, ne naît pas en Écosse ou en Irlande. Traditionnellement, on attribue sa propagation en Europe aux Arabes, qui maîtrisaient cette technique dès le VIIIe siècle pour produire des parfums et des remèdes. C'est à travers l'Espagne mauresque et les moines voyageurs que cette connaissance aurait migré vers l'Europe, atteignant l'Irlande et l'Écosse aux alentours du XIIe ou XIIIe siècle.

Les premiers distillats n'étaient pas consommés comme une boisson récréative, mais plutôt comme des remèdes, des toniques ou des « eaux de vie », censées prolonger la vie et guérir les maux. Le terme gaélique « Uisge Beatha » (en Écosse) ou « Uisce Beatha » (en Irlande) signifie littéralement « eau de vie », témoignant de cette vocation originelle. Les monastères étaient alors les principaux lieux de production, distillant l'excédent de céréales et de bière.

Les premières traces écrites formelles de whisky remontent à 1494 en Écosse, dans les registres du trésor royal, où l'on mentionne un « frère John Cor » recevant de l'orge pour produire de l' « aqua vitae ». En Irlande, des preuves suggèrent une distillation encore plus ancienne mais le mystère de l’origine exacte du whisky demeure. On ne pourra jamais déterminer si le premier distillateur d’eau de vie de céréale était Ecossais ou Irlandais.

 

  • DE LA MÉDECINE AU PLAISIR  (XVIème - XVIIIème siècles)

Avec la dissolution des monastères sous Henri VIII et Jacques VI, la distillation devint plus répandue et passa progressivement des mains des moines à celles des particuliers. La production artisanale se développait, souvent à petite échelle, pour la consommation locale. Le "Uisge Beatha" commença à être apprécié pour ses qualités gustatives, au-delà de ses vertus médicinales.

Cependant, le XVIIIe siècle marqua une période de défis pour les distillateurs. Les gouvernements britanniques, cherchant à financer leurs guerres, imposèrent des taxes de plus en plus lourdes sur la production d'alcool. Cela engendra une explosion de la distillation clandestine dans les régions reculées d'Écosse et d'Irlande, loin du regard des collecteurs d'impôts. Les montagnes et les vallées des Highlands écossais devinrent le théâtre d'une bataille incessante entre les "exciseurs" et les "smugglers" (contrebandiers), qui transportaient leur précieux liquide sous le manteau.

Cette période de clandestinité a paradoxalement contribué à façonner le caractère du whisky. Les distillateurs utilisaient des alambics plus petits et des méthodes plus rustiques, parfois enterrés, donnant naissance à des profils de saveurs uniques, souvent plus intenses et bruts.

 

  • LA CONQUÊTE DU MONDE (XIXème - XXIème siècles)

Le XIXe siècle fut le véritable tournant pour le whisky, le faisant passer de l'ombre à la lumière et de l'artisanat local à l'industrie mondiale.

La légalisation et la modernisation (1823-1831) :

L'acte d'accise de 1823 en Écosse, puis des lois similaires en Irlande, réduisirent les taxes et encouragèrent la production légale. La reconnaissance de la distillation légale ouvrit la voie à des investissements et à l'amélioration des techniques. L'invention de l'alambic à colonne (Coffey Still) en 1831 par Aeneas Coffey révolutionna la production en permettant une distillation continue et plus efficace, produisant un alcool plus léger : le "grain whisky".

L'essor des Blends :

La combinaison du « malt whisky » (plus puissant et aromatique) et du « grain whisky » permit de créer les  « blended scotch ». Ces mélanges, plus accessibles en termes de goût et de prix, conquirent rapidement le marché britannique puis mondial. Des noms comme Johnnie Walker, Dewar's, Chivas Regal émergèrent, devenant des géants de l'industrie.

La crise du phylloxéra (fin XIXe siècle) :

Un parasite dévastateur ravagea les vignobles français à la fin du XIXe siècle, entraînant une pénurie de cognac et de brandy. Le whisky, notamment le Scotch, saisit cette opportunité pour combler le vide sur les marchés internationaux, consolidant sa position.

L'émergence des États-Unis :

Simultanément, de l'autre côté de l'Atlantique, le « bourbon » et le « rye whiskey » se développaient, ancrés dans l'histoire des pionniers américains et de leurs traditions agricoles. La prohibition (1920-1933) fut une période sombre, mais le whisky survécut grâce à la production "médicinale" et à la contrebande, forgeant son mythe.

L'expansion mondiale (XXe et XXIe siècles) :

Le XXe siècle a vu la diversification et la mondialisation du whisky. Le Japon, avec des pionniers comme Masataka Taketsuru, a commencé à produire des whiskys de qualité exceptionnelle, souvent primés. Plus récemment, des pays comme l'Inde, Taïwan, l'Australie, la Suède et même la France ont développé leurs propres distilleries, créant des expressions uniques et enrichissant la palette des saveurs mondiales. Le whisky est passé d'une boisson régionale à un phénomène universel, avec des variations infinies adaptées aux goûts locaux et aux innovations des distillateurs.

 

  • LE SECRET ANCIEN DE LA DISTILLATION SE RÉVÈLE : LES ORIGINES CHINOISES  ?

 

Alors que l'histoire européenne du whisky est bien documentée, que l’on sait que ce sont les arabes qui nous ont transmis la distillation , des découvertes archéologiques récentes suggèrent que l'art de la distillation pourrait avoir des racines beaucoup plus anciennes  que les arabes en Chine, bien avant son apparition au Moyen-Orient et en Europe. Cette perspective remet en question la chronologie traditionnellement admise et ouvre de nouvelles pistes sur les origines de l'alcool distillé.[1]

Des Traces Millénaires

Des recherches menées par des archéologues chinois ont mis au jour des preuves de distillation sur le site de l'ancienne ville de Guanghan, dans la province du Sichuan, datant de la Dynastie Han orientale (25-220 après J.-C.). Il s'agit notamment de récipients en terre cuite et d'appareils de distillation qui, selon les experts, étaient utilisés pour produire de l'alcool distillé.

Plus impressionnantes encore sont les découvertes du site de Yangguanzhai, près de Xi'an, où des fragments d'un appareil de distillation, datés de la Dynastie Qin (221-206 av. J.-C.), voire plus tôt, ont été identifiés. Ces éléments suggèrent une maîtrise de la distillation des siècles, voire un millénaire, avant les premières traces connues au Moyen-Orient.

Un Savoir-Faire Diversifié

Si la distillation en Chine était probablement initialement employée pour des usages médicinaux, la production de parfums ou l'alchimie, elle aurait rapidement évolué vers la production de boissons alcoolisées. Les céréales comme le riz, le millet et le sorgho étaient abondantes en Chine et auraient servi de base à ces premiers distillats. Il est probable que ces alcools, bien que distincts des whiskys occidentaux par leurs méthodes et leurs ingrédients, étaient les précurseurs directs de l'alcool fort tel que nous le connaissons.

Ces découvertes chinoises ouvrent un débat fascinant sur la transmission des savoirs. Si l'art de la distillation est né en Chine, comment s'est-il propagé ? Des échanges commerciaux le long de la Route de la Soie auraient pu jouer un rôle crucial, permettant à ces techniques de voyager vers l'ouest et d'atteindre le Moyen-Orient, puis l'Europe. Il est possible que différentes formes de distillation aient émergé indépendamment dans diverses cultures, mais les preuves chinoises remettent en question la notion d'une origine unique et linéaire.

Cette perspective enrichit la complexité de l'histoire du whisky, suggérant que l' "eau de vie" a peut-être jailli de sources multiples à travers le monde, témoignant de l'ingéniosité humaine à travers les âges pour transformer les céréales en un élixir aux mille facettes.

 

[1] Ce qui est différent de l’origine du whisky proprement dit.